David et Gaëlle m’avaient chargée de préparer un programme pour le Niger.
Je propose le désert du Tal à 1600 km de Niamey, 5 jours pour y aller parait-il par des routes impossibles. Les rares contacts que j’avais eu sur le Niger m’avait signalé ce désert a défaut de pouvoir nous rendre au désert du Ténéré aux portes d’Agadez inapprochable en raison de la rébellion du MNJ contre le pouvoir central.
- « Mais qu’est ce qui vous pousse à aller vous perdre a N’Guigmi !! ville aux portes du Désert du Tal » (contact de l’ ONG http://www.ventsdusud.org/
- « Le Désert du Tal ? Connais pas !!! Mais voici des contacts pour aller jusqu'à N’guigmi. » (contact des Scouts du Niger http://scout-niger.org)
Le passé Scout de David fera des merveilles, tout au long de la route nous menant à N’Guigmi, d’étape en étape, quelqu’un nous attendra à l’arrivée du Bus, nous procurera un hébergement dans « les cases de passage » destinées aux expatriées d’ONG en balade ou en mission, et nous remettra dans le Bus suivant.
Le projet est de nous rendre en Bus jusqu’à N’Guigmi, puis à dos de Chameau au Désert, de bivouaquer pendant quatre jours. Nous y ajouterons deux jours sur le Niger en Pirogue et une petite balade dans la brousse pour dire bonjour aux girafes.
Le 18 décembre au soir arrivé à Niamey à deux heures du matin.
Apres la flamboyance des rives illuminées de Tripoli, Niamey est éclairée des rangées de néons blanc qui livrent une pale lumière blafarde.
L’aéroport est encore plus sommaire que celui de Tripoli, de nombreux « officiels » déambulent dans d’immenses salles a moitié vides et les parents et amis attendent dehors dans l’air tiède de cette nuit d’hiver Nigérienne.
Je suis escortée par un jeune porteur sympathique qui s’est imposé d’autorité pour récupérer mon sac de voyage. Je lui donne 5 euros de pourboire sous l’œil réprobateur de David, c’est une fortune 7000 CFA !
David et Gaëlle m’ont attendu patiemment avec le chauffeur de l’Auberge Tatayi depuis 20h, l’avion avait 5 heures de retard. Bienvenu en Afrique !!!
Nous restons quelques jours à Niamey, pour mettre au point notre expédition.
A l’Auberge, nous rencontrons de nombreux Français.
Il y a Flo et Anna deux jeunes rasta en immersion dans les sociétés africaines pour le compte d’une ONG.
Et aussi un Allemand Olaf, jeune homme au Niger après une traversée du Sahara Algérien et venu rencontrer sa filleule dont il finance la scolarité
Il y a la Suissesse et son amour difficile à distance avec un Targui d’Agadez à qui elle donne de l’argent pour qu’il ne soit pas gêné quand il faut payer. Ils dorment à l’Auberge en dortoir.
Il y a Michel, qui revient régulièrement au Niger depuis 12 ans, il connaît beaucoup de monde et nous mettra en contact avec Ibrahim pour le voyage jusqu'à Zinder et avec un copain qui nous accompagnera dans la recherche d’un hébergement.
Il y a Dany la bavarde à la retraite, veuve depuis peu et qui poursuit l’œuvre entamée avec son mari, une fondation qui recueille les enfants des rues et finance leur scolarité.
Sortie du havre de l’Auberge, le premier contact avec Niamey est assez rude: Rues défoncées, poussiéreuses, sales, vendeurs de rue qui sollicitent, baraques de bric et de broc ou on peut trouver pelle mêle de la nourriture, des chaussures, des bouilloires bariolées en plastique, des téléphones portables, des cigarettes…
Les taxis klaxonnent pour se frayer un passage, les mendiants sollicitent, quelques femmes voilées et beaucoup d’autres magnifiquement habillées.
Au Petit Marché des déchets les plus variés jonchent le sol, un puisard à l’angle de deux rues regorge d’un liquide verdâtre ou nagent des détritus. Le passage dans le coin de la viande est édifiant, les mouches côtoient les morceaux sanguinolents dont les liquides s’écoulent dans une rigole centrale. Mais aussi les pommes de terre, les tomates, les piments les salades sont harmonieusement rangées dans de grands paniers.
Ici beaucoup de femmes très pauvres sont habillées de haillons, certaines vendent quelques légumes, les enfants mendiants en groupe tendent le bol attaché au poignet. Les homme cachent peut être leur dénuement sous leur ample djellaba. La rue leur appartient, y compris pour la prière qu’ils pratiquent en rang serrés dans un recoin de rue sur leur tapis a l’heure convenue ou sous des abris de fortune semblant de mosquée.
David et Gaëlle marchandent tout, c’est particulièrement épuisant, mais c’est la coutume, il faut commencer par diviser le prix proposé par deux et ensuite on peut augmenter.
Au troisième jour, moins choquée ou plus habituée je commence à voir les gens et les scènes de façon plus sereine. Je vois les jeunes ravis de nous donner un renseignement, des enfants s’amusant devant notre appareil photo et riant de bonheur de se voir sur l’écran, des hommes, des femmes, prêts a nous aider et à nous conseiller.
Au Grand Marché, imposant, plus affairé que le Petit Marché, plus riche, nous allons d’allée des tissus, a l’allée des couturiers, des bijoutiers, des épices et des teintures.
Notre dernier jour à Niamey est consacré aux repérages : Visite à la Maison des Scouts où nous rencontrons Omar Yazi, Salha et Mariama avec une promesse d’hébergement dans la case de passage à notre retour du désert.
Enfin avant de quitter Niamey pour notre expédition nous cédons à la tradition, et prenons un bain d’Europe et de confort, au Grand Hôtel.
Une bière, des brochettes de viande face au fleuve, au coucher du soleil, je me sens vraiment au Niger !
Il fait nuit, les hommes se promènent, les boutiques sont encore allumées, une TV devant une boutique de cybercafé sur un tabouret diffuse TV5, l’air est frais. Il faut faire un effort pour imaginer que nous sommes fin décembre.
21 décembre dimanche.
Nous quittons Niamey au petit matin avec Ibrahim, rédacteur en chef d’un petit journal privé, (Aïr Info Journal http://www.agadez.org) Il rentre chez lui à Agadez - Touareg, résistant militant contre les dégâts qu’occasionnent l’exploitation de l’Uranium par Areva il a fait 4 mois de prison, libéré sans jugement,.
900 km pour atteindre Zinder, 16 heures de voyage y compris des arrêts pour manger et réparer une roue crevée.
Une seule route goudronnée traverse le pays d’Ouest en Est, Terminus de la National1 à N’Guigmi.
Nous traversons quelques villes plus importantes mais se sont surtout les villages qui se succèdent tous les 20 ou 50 km.
Les routes sableuses de part et d’autre de la Nationale donnent la direction d’autres villages disséminés dans la brousse. Nous aurons la représentation de l’importance de ces populations dans les grands marchés installés sur le bord du «goudron» que ce dimanche nous traversons.
L’entrée et la sortie des agglomérations les plus importantes sont barrées d’une corde attachée de façon sommaire à deux piquets, la police et le péage s’y côtoient. Les entrés des petits villages sont, eux, protégés par des monticules de terre qui obligent à ralentir.
Sur la route nous doublons ou croisons aussi bien des voitures sans feu arrière, des camions borgnes ou des vélos sans signalisation mais aussi des gens à pied sur le bas coté qui doivent parcourir des kilomètres mais dont nous ne voyons pas les villages, particulièrement dangereux la nuit, plus nous allons vers l’Est, plus tôt arrive la nuit.
La Nationale1 donne accès aux grandes villes du Sud Zinder (200.000 h), Maradi (180.000h) et permet les échanges avec le Nigeria, le Cameroun, le Tchad.
La terre est sèche et craquelée la moindre parcelle de terre est porteuse des pieds de mil secs. Les acacias sont les seuls arbres qui peuvent pousser en puisant l’eau dans la nappe phréatique.
Les greniers à grain annoncent les villages.
Nous filons à 140 km/h quand la route est goudronnée et en bon état. C’est le cas de la sortie de Niamey – 200 km - entrée de Zinder -100 km-, Nous roulons a 20km/h si elle est défoncée ou bien quand des tronçons sont en réfection. Nous empruntons alors une piste dans le sable. Dans tous les cas c’est éprouvant.
Nous décidons de passer une journée à Zinder. Nous approfondissons notre amitié avec Ibrahim, visitons le siège de son journal, le Damagaran. C’est une ville où je me trouve bien, moins agitée que la capitale, peu de mendiants, pas de Blancs, peu ou pas d’ordure dans les rues, des infrastructures apparemment en bon état, des petits restaurants agréables bien que nous mangions dans une salle à la lumière tamisée pour éviter aux hommes d’être reconnus avec leur convive, d’innombrables taxis motos qui pétaradent joyeusement avec leurs femmes à califourchon, jupes relevées. Il n’y pas de taxi voiture à Zinder.
Nous rencontrons Eric marié à Halima, belle et mince Nigérienne. Ils nous recommandent un guide, Issa. Et ils nous conseillent de faire attention aux charlatans qui peuvent nous promener dans de faux désert !!!
Au retour de N’Guigmi nous visiterons le Palais du Sultan, et admirerons les belles peintures murales des maisons de la vieille ville dans les ruelles du quartier de Birni, apercevant les cours intérieures où les femmes vaquent aux taches ménagères, les hommes eux, attendent l’heure du repas assis prés d’une épicerie qui vend bière et Fanta.
23 décembre Mardi
Départ en bus pour Diffa (30.000h) à 500km de Zinder. 6 heures de route.
Initialement prévu à 5 heures du matin, nous démarrons à 14h45, le bus primitivement prévu n’a pas pu démarrer il a donc fallu attendre celui qui arrive de Diffa.
Il y a avantage à voyager en bus: haut sur roues, ils défient les nids d’autruche de la route et ne s’arrête que dans les grandes agglomérations pour charger des voyageurs; Au contraire du minibus que nous prendrons au retour qui mettra 13 heures pour le même trajet, s’arrêtant pour la prière, pour charger des voyageurs et en descendre dans villages et villes, pour réparer un pneu crevé, pour acheter à manger, du bois et qui ralentit à chaque nid de poule ou d’autruche...
Diffa « cette bourgade n’a d’intérêt que …. » Dit le guide touristique. Effectivement accueilli chaleureusement par Iddi Issaka un de nos contacts, désolé de ne nous proposer que le seul hôtel de passe de la ville, crasseux et désert.
24 décembre Mercredi
Arrivés la veille à 20 heures, nous repartons le lendemain matin à midi, en attente depuis 9 heures du matin au parking des minibus pour qu’il se remplisse de ses 14 passagers.
Amusant nous paierons une partie du billet de voyage de deux gamines, qui feront des caprices pour être assises à la meilleure place, ce qui me permet du haut de ma place de « Maman » de les morigéner.
L’approche de N’guigmi (140km en 4 h) se fait sur une piste sur les dunes avec parfois une vision fugitive des lambeaux de goudrons. La végétation se raréfie la terre est remplacée par le sable, où ne pousse ni mil, ni légumes. Plus aucun village n’est traversé, des paillotes, habitat en paille, sur les bords abritent des bergers, des enfants conduisent de petits troupeaux de chèvres, des chameaux paissent en liberté.
Au point de contrôle nous apprenons qu’il nous faut un accord de la police pour être autorisés à séjourner dans la région.
Il est 5 heures de l’après midi le soleil décline déjà, la nuit n’est pas loin. La ville, le sable, les maisons carrés en banco, les ânes, les chameaux, le ciel, la poussière tout semble noyé dans un bain de couleur ocre marron beige. Mystérieusement peu d’enfants dans les rues, pas de mendiants, pas de voitures, seuls les taxis brousse, un bus à l’arrêt depuis des mois.
Un camion, dont les roues sont plus hautes que Gaëlle, va traverser le désert avec ses 10 roues motrices pour atteindre Agadem lieu de la future extraction de pétrole concédé aux Chinois.
Le calme, le silence troublé par les croassements des pies, par un avion qui traverse haut dans le ciel.
Bachir nous accueille et nous sert de Guide, il occupe la fonction de Directeur de la Jeunesse et de la formation à N’Guigmi. Il nous dira plus tard : « Pour nous l’Etranger, c’est comme la rosée, qui au matin sera partie, à un moment donné il nous quitte, c’est important qu’il soit content, pour qu’il revienne… »
Sitôt arrivés avant même de nous installer, nous allons présenter nos salutations à Monsieur le Maire au bar des officiers et cadres de N’Guigmi avec la compagnie des officiers de police et militaires.
Nous apprenons à prendre notre temps, le service est lent les conversations aussi. Peut être et sûrement lui aussi se demande ce que viennent faire dans ce trou perdu « un jeune couple et la Maman » Nous prenons une bière, nigérienne. Il attend que nous parlions. Il semble apprécier notre projet, il fait la remarque que nous sommes bien organisés, d’un sourire il salue notre souhait de nous rendre à dos de chameau et bivouaquer dans le désert. Il est rassuré quand nous lui disons que nous comptons nous faire guider par Issa recommandé par Eric qu’il connaît, puisqu’il a épousé sa nièce. Il manifeste sa joie à l’évocation de notre souhait de rencontrer les petites sœurs de Ch. de Foucauld.
C’est « Maman» qui mène la discution, mon âge prend ici toute son importance !
Il nous parle de garder le contact et s’engage dans l’idée d’un jumelage de ville à ville et nous invite à occuper la case de passage des ONG. Belle maison qui loge plus souvent les araignées que les «expats». Elle est située au bout de la ville, dans la partie des bâtiments administratifs l’Hôpital, le collège, la préfecture, et le centre météo.
Rencontre avec Issa, sec, nerveux, mystérieux, ne parlant pas Français mais comprenant suffisamment pour suivre les conversations. Il veut bien nous conduire dans le désert, mais au fur et à mesure des négociations, nous comprenons qu’il demande un cuisinier et un traducteur en supplément.
David mène les négociations, Gaëlle contrôle.
C’est Bachir qui nous donne les clés pour comprendre. Issa de l’ethnie Béribéri, grand seigneur du désert, éleveur et guide nous donne la possibilité d’aller dans le désert, son désert mais il n’entend pas nous servir de cuisinier.
Le compromis est trouvé par Bachir, il se propose comme cuisinier et comme traducteur.
Nous sommes comblés car nous commençons à nous sentir beaucoup d’affinités avec lui.
Il y aura trois chameaux et un cheval. Bachir prêtera le matériel de cuisine, marmites et gamelles, Issa la théière, le bois est à profusion dans le désert. Nous avons nos tentes pour dormir, eux auront couvertures et bâche. Nous achetons toute la nourriture au marché avec Bachir, sa femme fera cuire les œufs, le départ est prévu pour le 25 décembre au matin.
Le soir du 24 décembre nous fêtons Noël, entre nous avec Fois Gras, Chartreuse, Armagnac, bûche de Noël confectionnée avec un pain et du Nutéla. Nous chantons Noël et pensons à nos familles restées dans le froid Européen que nous pouvons voir à la TV5Afrique.
Nous ne pouvons communiquer avec elles, nous n’avons pas pris le bon opérateur pour le Téléphone portable.
25° c’est la température à N’Guigmi le jour, la Nuit entre 9 et 15°.
Le 25 décembre départ au Désert du Tal.
Situé au Nord Ouest de N’guigmi, il est divisé en Petit Tal et Grand Tal. Aucune carte ne porte d’indication de lieu de ce désert.
Le désert du Tal n’est pas comparable aux grands Déserts Sahariens. Il n’a pas leur majesté, le mystère, le silence de ces déserts immenses ou s’y enfoncer crée la solitude et s’y perdre le danger. Il est situé à 16 km de la ville, 3 heures à dos de chameau. Entouré au Sud par la brousse, au Nord et à l’Est il rejoint les grands étendues désertiques du Niger. Plus au Sud c’est le lac Tchad à moitié asséché qui fait la frontière avec le Nigeria.
Dans la ville et aux alentours immédiats nous traversons des espaces ou les arbres sont hauts, feuillus et d’un vert intense. Issa ouvre la marche à pied, puis David et ensuite mon chameau attaché à sa selle suit en broutant dès qu’il peut les arbres dont les chameaux sont friands.
Gaëlle monte le petit cheval, il avance moins vite sur le sable choisissant les parties les plus dures où pousse une herbe rase et sèche. Bachir ferme la marche sur son Chameau, vision de Sancho pança et Don Quichotte.
Au bout d’une heure les arbres feuillus laissent la place à des arbustes de plus en plus rabougris, tordus et épineux. Nous croisons des chèvres isolées qui broutent, des convois de deux ânes lourdement chargés de ballots de foin.
Les chameaux lourdement chargés de tout notre barda, avancent lentement, David et Gaëlle tenteront bien un petit galop avec leur petit cheval, vite arrêté.
A destination du premier bivouac nous suivons les instructions d’Issa, nous nous installons après qu’il ait débarrassé les chameaux de leur fardeau. Nous n’avons pas suffisamment d’eau, il part donc en chercher au puits, à 20mn à pied avec le petit cheval et deux bidons. Les chameaux sont entravés et divagueront toute la nuit à la recherche de nourriture. Le cheval lui ne peut pas trouver de nourriture appropriée c’est Issa qui le nourrit avec des graines apportées et du foin qu’il achètera plus tard aux nomades locaux.
Nous avec Bachir partons dans les dunes, le ciel est bleu les dunes miroitent entre blanc et doré, le soleil décline, puis disparaît.
Le bois ramassé a permis d’allumer le feu, Issa fait le Thé, Bachir cuit les spaghettis, le repas est prêt, et nous restons a rêver autour des braises. La nuit est fraîche.
Ce n’est que le deuxième matin que nous découvrirons par quel phénomène physique le sable doré le soir parait blanc le matin. Un vent permanent souffle et fait voler une mince couche de sable, la luminosité doit également y jouer un rôle, ainsi les dunes sont rayées de larges bandes blanches, qui par un effet de mirages, semblent être des sentiers. Le Désert mérite sont titre de Désert Blanc.
Nous nous réveillons le premier matin avec un chant de coq. Ici le désert est a taille humaine. Un camp de normandes est à 20 mn de marche. Nous recevrons au petit matin la visite du père accompagné de trois enfants, nous faisant remarquer que nous ne sommes pas venus le saluer avant d’installer le bivouac. Il prétexte sa visite par un mal au ventre d’un de ses enfants, la visite ne prendra fin qu’après un examen sommaire de l’enfant, un placebo et 1000 FCFA.
Chaque matin, Bachir et Issa font la prière Issa prépare le thé, les branches ramassées, le petit déjeuner en train de se préparer. Au menu, spaghetti ou maca (comprendre macaroni), ou restes de la veille, couscous au lait sucré, et pour nous européens du thé « normal » pain et confiture ! Autre particularité d’Européen, nous buvons l’eau du puits filtrée et stérilisée.
En raison de ma place dans la hiérarchie familiale, je suis toujours dispensée des taches ménagères ou autre, je suis « Maman » avec tous les privilèges de l’ancien. Bachir et Issa me demandent toujours mon avis avant toute décision ménagère ou autre et respectent ma décision. Gaëlle entre l’autorité reconnue à l’Homme et celle reconnue à la Vieille interroge à haute voix sur la place qu'elle peut bien occuper. Bachir repère rapidement que cette question lui est adressée, ce qui entraînera un bel échange sur des points de vues divergents sur le statut des femmes et le rôle de la religion.
Pendant trois jours nous poursuivons notre découverte du Désert. Nous avons fait provision d’eau au puits qui est creusé dans la vaste plaine entourée des dunes. Souvent ce sont les enfants que nous trouvons attelés à cette tache, aidés pour la traction de l’outre par un âne attaché au bout de la corde et invité à tirer fortement par les coups de badine.
Nous apprenons que ce sont des arabes nomades qui logent dans les paillotes disséminées dans la brousse environnant du désert, émigrés ici en raison de leur Histoire, ils ont conquis de haute lutte en 2005, le droit de vivre avec une Ecole et un Centre de Santé.
Nous faisons connaissance avec l’Instituteur, sa femme et ses trois enfants, en vacances scolaires. Ils ont investi le bâtiment de l’Ecole pendant les vacances, préférant le confort de ce bâtiment à leur paillote situé a proximité.
Il nous invitera à nous réfugier dans le bâtiment de la Santé, jamais équipé. Issa et Bachir ont eu très froid la nuit passée de plus un vent violent soulève le sable et nous incite à plus de confort.
Nous rentrons à N’Guigmi en fin de matinée
Il nous reste a consolider notre amitié avec tous ceux que nous avons rencontré à N’Guigmi, le Maire et le secrétaire de Mairie qui nous fera visiter le marché aux chameaux, spécialité de N’Guimi. Nous rencontrons enfin les petites sœurs de Ch. de Foucault.
Puis au revoir Issa, Bachir sa femme et ses enfants !
29 décembre.
Nous n’avons pas oublié de faire tamponner notre passeport par la police qui nous a autorisé à séjourner dans la ville et nous quittons N’guigmi au petit matin
Le retour sera bien différent de l’aller.
A Diffa nous décidons d’atteindre Zinder dans la journée, quelle aventure !!
Nous sommes 23, hommes femmes et enfant coincés dans le Minibus, pendant les 13 heures du trajet. Nous nous arrêtons sans cesse, soit pour la prière, pour nous alimenter, pour charger des affaires ou une personne, parce que nous avons un pneu qui a crevé… Je fais le voyage à coté du chauffeur privilège de l’âge, je surveille son état de vigilance au volant, il a un aide, qui lui signalera que la roue a crevé, mais il sera le seul à conduire. De temps en temps il manifeste sa fatigue la tête posée sur le volant, a l’arrêt heureusement, il fait rouler son véhicule le plus souvent à gauche de la chaussée. Enhardie par la crainte de l’accident, je lui demande timidement si c’est l’habitude ici, de rouler à gauche y compris dans les tournants et en haut des cotes et il me répond « Pourquoi pas ? » !!!
Il est vrai que la route entre Diffa et Zinder est assez peu fréquentée.
31 décembre
Une journée de repos à Zinder, ville que j’aime particulièrement puis nous filons vers Niamey à grande vitesse avec le Bus de ligne et un chauffeur particulièrement prudent. Je garde encore dans l’oreille le klaxon à trois notes qu’il utilise sans économie, pour signaler un doublement, son croisement, pour effrayer un chameau ou une chèvre qui traverse la route, ou un enfant.
1er janvier 2009.
A Niamey, les scouts nous hébergent. C’est le quartier des artisans et nous en profiterons pour faire nos achats de Bijoux Touareg, faire coudre un boubou, des chemises et pantalons et acheter de beaux tissus.
3 janvier Samedi
Grâce aux contacts que nous fournit Karim, notre taxi de référence nous avons organisé notre expédition en Pirogue sur le Fleuve. Nous rejoignons Boubon à 25 km de Niamey, village sur le Niger, point de départ. Nous commençons par une panne de voiture sur la route, qui nous permet à Gaëlle et à moi, sous le regard goguenard de David de faire notre magnifique collection de photos de Minibus chargés jusqu'à la gueule.
Boubon est un village célèbre pour ses poteries, mais point de poterie ce jour là. A notre arrivée nous sommes toutefois assaillis comme les touristes qu’ils ont l’habitude de voir ici. Des hommes des enfants nous entourent, heureusement que Karim est là, car je n’arrive pas a savoir qui est qui et ce qu’ils veulent de nous.
David et Gaëlle ne semblent pas surpris ce qui me rassure un peu.
Les femmes tout près de ce qui ressemble à l’embarcadère, lavent vaisselle et linge, se lavent nous sommes bien loin des femmes semi voilée de la capitale.
Toujours escortés par une dizaine d’hommes, nous débarquons sur l’île de Boubon où nous serons logés dans ce qui fût à ses heures de gloire un club de vacances. Etrange lieu, construit dans les années 70, par deux Belges et transmis à un propriétaire Nigérien. Il n’y a plus d’électricité, ni eau courante dans les cases ni d’ailleurs sur le site, les lieux sont propres contrairement aux autres endroits du Niger ou les poches poubelles volent au vent et restent coincées dans les coins de rue.
David impressionnant de calme et d’assurance négocie le prix de la balade, en concertation muette avec Gaëlle. Nous passerons de 40 000 Fcfa, proposition initiale du piroguier a 25 000 Fcfa, accord conclu avec une poignée de main, sans échange d’argent et un grand sourire.
Les piroguiers Issaka et Seydou issus de la grande famille des Courté (un ministre dans la famille) nous baladeront sur le Fleuve et en sus nous ferons rencontrer leur famille.
Le gérant lui s’évertue à nous traiter en touristes. Toutefois nous réaliserons qu’une fois le repas expédié à la lueur d’une lampe tempête, nous passerons la nuit seuls sur l’île livrés aux bébés crocodile prisonniers dans l’eau croupie du fond de la piscine.
Notre souhait est de remonter le fleuve, nous nous en félicitons, tant la végétation est plus luxuriante et la faune plus nombreuse dans la partie amont à partir de Boubon (conseil que nous donnons aux futurs voyageurs). Le Fleuve est large et majestueux, sans beaucoup de courant. Nous longeons les berges ou nous traverserons le fleuve pour approcher les hippopotames.
Six heures de navigation à la perche ou à la rame sur les bords couverts de végétation aquatique – fleurs - manguiers géants les pieds dans l’eau a cette saison de hautes eaux - oiseaux– hippopotames – Chevaux et vaches broutant l’herbe abondante et grasse, l’eau à mis jambe – pirogues, enfants tous cela vit et se promène sur l’eau, les berges et sur les nombreuses îles. A cette période de l’année le fleuve a atteint son plus haut niveau il ne sera qu’un mince filet aux mois d’été.
David et Gaëlle s’offriront une petite baignade dans l’eau froide tout de même !
Dans le village d’Issaka entourés d’une nuée d’enfant là nous découvrons les jardins où poussent salades, piments, tomates, oignons aux mains de femmes et des enfants pour l’arrosage et l’entretien. Issaka nous propose à notre prochain séjour de nous héberger dans son village.
Le village de Seydou, une île, est placé sous la protection d’un généreux donateur de Marseille, Raoul, qui vient les voir deux fois par an conseille et surveille le développement des investissements qu’il fait. Là les enfants sont en classe. Le donateur les approvisionne en médicaments et les fournitures de classe, l’institutrice et l’infirmière du centre de santé elles sont rémunérées par l’Etat.
Un moulin à grain, un branchement motorisé de l’irrigation des cultures maraîchères, des animaux parqués dans leur enclos, tout dénote une prise en charge effective de la maîtrise de leur développement.
Le retour vers Niamey se fera au fil de l’eau lentement.
A la route nous attendons avec Issaka et Seydou qu’un taxi nous ramène au centre ville, nous leur promettons de les recommander à nos amis européens qui voudront faire un voyage authentique sur le Fleuve.
Le séjour se termine sur une touche touristique. Nous sacrifions à la tradition et rendons visite aux dernières girafes sauvages d’Afrique à Kouré.
Pour clore ce voyage je ferai trois voeux:
- Mon premier voeux le plus cher est que les amitiés que nous avons crées avec nos amis nigériens soit fécondes.
- Mon deuxième est que le Niger se donne enfin des dirigeants qui sauront utiliser les richesses de ce beau pays avec réellement la démocratie dont ils sont si fiers, pour le bien être et la prospérité de tous ses habitants.
- Mon troisième voeux sera que les Nigériens sachent garder un équilibre harmonieux entre tradition et modernité.